Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/80

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de Colophon assure avoir entendu dire qu’il ne vécut pas au delà de cent cinquante-quatre ans. Il avait composé un poème sur l’origine des Curètes et des Corybantes, et une Théogonie, formant ensemble cinq mille vers ; un autre poème, en six mille cinq cents vers, sur l’équipement du vaisseau des Argonautes et l’expédition de Jason en Colchide ; enfin, divers traités en prose sur les sacrifices et le gouvernement de la Crète, sur Minos et Rhadamanthe, formant ensemble quatre mille lignes. Lobon d’Argos lui attribue, dans le traité des Poëtes, la construction du temple des Euménides à Athènes. On dit aussi qu’il est le premier qui ait institué les purifications et élevé des temples.

Quelques auteurs traitent de fable son prétendu sommeil ; ils soutiennent qu’il fit seulement une absence de quelque temps, errant de côté et d’autre, et occupé à recueillir des simples.

On lui attribue une lettre à Solon, dans laquelle est exposée la forme de gouvernement établie en Crète par Minos. Mais Démétrius de Magnésie soutient, dans le traité des Poëtes et des Écrivains homonymes, que cette lettre est récente ; il dit qu’elle n’est pas écrite dans le dialecte Crétois, mais bien dans celui de l’attique et même dans l’idiome le plus moderne. Il m’est tombé entre les mains une autre lettre que voici :

ÉPIMÉNIDE À SOLON.

Prends courage, ô mon ami ; si Pisistrate avait mis sous sa loi un peuple dès longtemps habitué à la servitude, ou dépourvu de bonnes lois, on pourrait craindre qu’il n’eût asservi à jamais ses concitoyens. Mais ceux auxquels il a imposé l’esclavage ne sont pas des lâches ; ils se souviendront des préceptes de Solon, et, indignés de cette honteuse tyrannie, ils en secoueront le joug. Pisistrate règne aujourd’hui sur Athènes, mais son