Page:Dion Cassius - Histoire romaine, tome 1, 1889.djvu/165

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sition la plus élevée, il se chargeait ouvertement pour les autres de tout ce qui était pénible : quant aux choses agréables, il les leur abandonnait volontiers ; ne gardant rien pour lui, ou presque rien, et jouissant en secret du peu qu’il s’était réservé. Une entreprise réussissait-elle, il attribuait le succès au premier venu plutôt qu’à lui-même, laissant chacun en recueillir le fruit, suivant ses besoins. Eprouvait-il un échec, il ne l’imputait jamais à un autre et n’en faisait partager à personne la responsabilité.

De plus, il sut plaire à toute la cour et à chacun des amis de Marcius, par ses actions comme par ses paroles. Libéral dans l’emploi de ses richesses, prêt à servir ceux qui réclamaient son appui, ses discours et ses actes n’avaient jamais rien de blessant : jamais il ne se déclara spontanément l’ennemi de personne. Enfin, recevait-il un service, il le grossissait ; avait-il essuyé un mauvais procédé, il le dissimulait complètement, ou il s’efforçait de l’atténuer, loin d’en tirer vengeance : il n’avait de cesse qu’après avoir gagné par ses bien faits celui dont il avait à se plaindre.

Par cette manière d’agir, qui lui attira l’amitié de Marcius et de sa cour, il acquit une grande réputa tion de sagesse ; plus tard, sa conduite fit voir que la plupart des hommes ne méritent aucune confiance à