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Conſeils ſeront conformes au vœu National. Ce vœu, où peut-il être, où peut-on le reconnoître, ſi ce n’eſt dans l’Aſſemblée Nationale elle-même ? Ce n’eſt pas en compulſant les cahiers particuliers, s’il y en a, qu’il découvrira le vœu de ſes Commettans. Il ne s’agit pas ici de recenſer un ſcrutin démocratique ; mais de propoſer, d’écouter, de ſe concerter, de modifier ſon avis ; enfin de former en commun une volonté commune.

Pour écarter tout reſte de doute à cet égard, faiſons attention que, même dans la plus ſtricte démocratie, cette méthode eſt la ſeule pour former un vœu commun. Ce n’eſt pas la veille, & chacun chez ſoi, que les démocrates les plus jaloux de liberté, forment & fixent leur avis particulier, pour être enſuite porté ſur la place publique, ſauf à rentrer chez ſoi pour recommencer toujours ſolitairement, dans le cas où l’on n’auroit pas pu tirer de tous ces avis iſolés une volonté commune à la majorité. Diſons-le tout-à-fait ; cette manière de former une volonté en commun, ſeroit abſurde. Quand on ſe réunit, c’eſt pour délibérer, c’eſt pour connoître les avis les uns des autres, pour profiter des lumières réciproques, pour confronter les volontés particulières, pour les modifier, pour les concilier, enfin pour obtenir un réſultat commun à la pluralité. Je le demande à préſent : ce qui paroîtroit abſurde