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Page:Discours Noblanc 1939.djvu/8

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s’était mué en une amicale et douce caresse de ces deux géants emportés dans leur course sans fin.

Mais quittons ces proches régions pour aborder les mondes stellaires ; ici le travail de l’astrophysicien s’intensifie : la numération des étoiles, la détermination de leurs distances, de leurs dimensions, de leur structure, de leur composition, de leurs températures, l’étude de leur évolution, que de problèmes en apparence insolubles et que pourtant la physique moderne a menés à bien.

Leur chiffre ? Un milliard environ d’entre elles sont observables, mais on estime que la voie Lactée en contient à elle seule quarante milliards et qu’il existe plusieurs milliards de systèmes, les Galaxies, analogues à la Voie Lactée.

Admirons en passant la richesse de ce monde stellaire, l’harmonie de la distribution de ses constituants. Quelle force a réussi à tirer ces énormes amas de matière du néant, et à leur imprimer cette vitesse initiale sans laquelle ils auraient été condamnés à l’immobilité perpétuelle ? Quelle cause, en contradiction absolue, il faut bien l’avouer, avec les lois les plus rigoureuses de la physique humaine, a présidé à cette génération et à cette distribution de l’énergie dont notre astre protecteur, le soleil, est chargé de nous dispenser chaque jour quelques lambeaux ? Comprendrons-nous un jour pas quelle série de miracles a été fondé cet immense univers ?

Mais nous touchons ici au problème de l’origine des mondes, c’est-à-dire que la tâche du physicien est terminée ; celle des philosophes commence : chacun d’eux interprétera à sa guise les résultats que l’homme de science lui aura fournis : les chemins suivis dorénavant divergeront à partir de ces résultats et de toutes ces discussions l’esprit impartial ne saura tirer qu’une conclusion : c’est qu’il est impossible de conclure. Pauvres petites cellules grises ! Pourquoi vouloir obstinément les contraindre à un monstrueux travail auquel elles ne pourront jamais s’adapter ?

Admirons donc sincèrement le gigantesque labeur de la nature, mais réservons notre admiration à ce qui en vaut vraiment la peine. Gardons-nous de tomber dans l’excès, et puique je vous ai entretenus de choses biens ardues, je tâcherai maintenant de vous distraire un peu en vous citant quelques paroles de Bernardin de Saint-Pierre qui n’a pas craint, lui, de tomber dans ce fâcheux