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DISCOURS
DE
M. GARCIN DE TASSY,

MEMBRE DE L’INSTITUT,
À l’ouverture de son cours d’hisdoustani,
à l’école impériale et spéciale des langues orientales vivantes,
près la bibliothèque impériale,
le 10 décembre 1857.

Messieurs,

Les événements épouvantables qui ont eu lieu cette année dans l’Inde, surtout dans les provinces nord-ouest qui sont précisément celles dont l’hindoustani est plus spécialement le langage et où il est le plus cultivé, ces événements, dis-je, y ont suspendu entièrement les travaux littéraires, et me privent de vous donner, comme je le fais ordinairement dans mon allocution annuelle, la statistique des publications nouvelles en urdu et en hindi et celle des journaux rédigés dans ces mêmes idiomes. Vous le savez. Messieurs, une nouvelle Saint-Barthélémy, ou pour mieux dire de nouvelles Vêpres siciliennes ont signalé le commencement d’une insurrection terrible et vraiment bien extraordinaire contre le gouvernement anglais de l’Inde ; car, quoi qu’on en ait pu dire, les Indiens préféraient à leurs gouvernements indigènes, capricieux et tyranniques, le gouvernement anglais, qui était sinon paternel, du moins régulier et fidèle aux lois établies. J’ai vu bien des natifs de l’Inde, et c’est d’eux-mêmes que je l’ai appris, ainsi que dans plusieurs de leurs ouvrages que j’ai eu l’occasion de lire. Toutefois ce bel empire anglais de l’Inde qui excitait l’admiration et la jalousie des nations européennes, avec les cent trente et un millions neuf cent quatre-vingt-dix mille neuf cent un habitants qui occupaient un espace de huit cent