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hommes qui ne lui auraient pas toujours été dans leur passé des amants bien fidèles.

Mais il faut pour cela que le parti républicain soit d’une absolue sévérité sur les principes ; et nous le déclarons ici : oui, nous serons indulgents pour les personnes ; oui, nous nous montrerons faciles à ouvrir la porte, mais nous demeurerons implacables sur les principes. Nous admettrons que des hommes se trouvent éclairés ; nous admettrons que d’autres, sans être encore tout à fait convaincus, mais à cause des nécessités d’une situation sociale exceptionnelle, acceptent de bonne foi les conséquences du principe de la République. Sur le devoir seul nous ne transigerons point.

Toutes ces choses sont possibles, si toutes ces choses sont loyalement pratiquées. Je dis seulement qu’en pareille matière il ne faut pas s’en tenir aux déclarations ; et au jour et à l’heure où la contradiction se produit entre les actes du pouvoir et ses déclarations publiques, il faut la relever et en faire le pays juge.

Si on fait cette garde sévère autour des institutions, soyez convaincus que nous maintiendrons la République beaucoup mieux avec une minorité républicaine ferme, énergique, vigilante sur les actes de la majorité, qu’avec une majorité d’hommes inconsistants et tièdes, qui serait exclusive des personnes, et facile aux compromis sur les principes.

Après cette première ligne de conduite, je voudrais qu’on démontrât, par les raisons que j’indiquais tout à l’heure, au pays tout entier, qu’on lui démontrât qu’il n’y a pas possibilité de tenter aujourd’hui autre chose, en fait de réforme, que l’éducation et l’armement national.