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Page:Discours et opinions de Jules Ferry, tome 4, les Lois scolaires (suite et fin), 1896.djvu/172

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156 DISCCOURS JULES FERRY ne pas répudier les antécédents si récents que j’invoquais tout à l’heure ; nous vous demandons de faire pour l’école primaire,pour la direction de l’enseignement primaire, ce que vous avez fait pour la direction générale de l’Université. (Très bien ! très bien ! à gauche.) Ici apparaissent les objections. Quand elles se présentent sous la forme brillante et avec la dialectique acérée et ingénieuse de l’orateur qui descend de cette tribune, elles paraissent graves, elles peuvent embarrasser au premier abord ; mais vous allez voir, messieurs, qu’elles se résolvent par des considérations de bon sens, j’ose le dire, et par des leçons d’expérience que nous pouvons emprunter à tous nos voisins : car, si nous avons notre expérience propre, nous avons aussi celle des nations voisines.

Les deux principales objections qui ont été opposées au projet de loi, à la séparation de l’enseignement confessionnel et de l’enseignement séculier dans l’école primaire,peuvent je crois, se résumer ainsi : « Votre prétendue neutralité, c’est une hostilité déguisée, c’est l’irréligion officielle, et votre prétendu enseignement moral, c’est, au bout de peu de temps et au travers des systèmes dont la base est si fragile que le moindre souffle politique pourra les emporter, c’est la disparition des principes mêmes de la religion naturelle et des fondementsde la morale.

»

Ce sont là de bien sinistres présages ! Sont-ils confirmés par les faits ?Et ne suffit-il pas d’examiner les faits pour juger le litige entre M. le duc de Broglie et le projet de la commission et du Gouvernement ? Vous dites que l’école dans laquelle l’enseignement religieux est exclusivement remis au ministre du culte, est nécessairement une école d’irréligion ! Je vous réponds par l’exemple manifestement contraire et décisif de tout l’enseignement secondaire en France. Voix nombreuses à gauche.

C’est cela !

T

M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL.

Est-ce que le

professeur

de latin, de grec ou d’histoire naturelle est professeur de religion dans nos collèges ? Pas que je sache. La religionest enseignée par un professeur spécial qui s’appelle l’aumônier. C’est un enseignement absolument séparé de l’enseignement séculier. Or, avez-vous entendu dire, vous, messieurs, qui avez des fils dans les lycées de l’État, —

nous le savons.