Page:Discours prodigieux et véritable d’une fille de chambre, XVIIe siècle.djvu/11

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ſi bon lieu, choſe où iamais elle n’auoit penſé. La damoiſelle tres-faſchée recite à ſon mary le tout, le ſuppliant n’auoir plus ceſte opinion enuers ſa chambriere : neantmoins luy, qui n’eſtoit gruë, prenoit garde de iour à autre à elle ; & voyant que ſon ventre croiſſoit de plus en plus, vn iour apres diſner l’appelle en vne chambre particuliere, luy diſant ces propres mots :

Hipolita, tu ſçais bien que ie t’ay deſ-ia fait parler vne fois par ta maiſtreſſe, ſur vn ſoupçon que i’ay de toy, dont tu te ſçais tres-bien excuſer : mais maintenant il ne faut plus que tu le cache, ny moins que tu t’en faſche, car cela ne ſeruira de rien : mais ie t’adiure à me dire la verité : (car ie cognois bien que tu es groſſe) prens garde de ne faire quelque cas ſinistre, dont il t’auienne en-apres quelque grãd mal-heur : confeſſe librement la verité, nous chercherons d’y apporter remede.