Page:Discours prononcé le 23 octobre 1791, par M. le Maire du Port-au-Prince, à la suite du traite de paix entre les citoyens blancs & les citoyens de couleur de la province de l'Ouest de la partie française de Saint-Domingue.djvu/2

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éteint tout ſouvenir du paſſé, & ne laiſſe plus voir devant nous que des jours tranquilles & heureux paſſés dans les douceurs de la confiance & de l’amitié !

Nous ſommes donc de ce jour frères & amis : nous ſcellons en ce moment la paix & la réconciliation.

Jurons tous, promettons-nous tous de nous ſoutenir & de nous défendre mutuellement ; d’être tous les protecteurs du bon ordre & de la sûreté publique. Uniſſons-nous pour la commune, & ne connoiſſons d’autres ennemis que les ennemis du bien public. Jurons de regarder & de traiter comme perturbateurs du repos public tous ceux qui contreviendroient au préſent traité. (Ici toute la Députation a crié nous le jurons).

Citoyens de Couleur, mes amis, vous perdez ici cette dénomination ; il n’exiſte plus de diſtinction, plus de différence. Nous n’aurons à l’avenir, tous enſemble, qu’une même qualification, celle de citoyen.

Que la ſincérité préſide à un contrat auſſi ſolemnel & auſſi ſacré ; que les expreſſions de la bouche ne ſoient point démenties par les ſentimens du cœur. Promettons-nous tous amitié, franchiſe, loyauté ; & que les témoignages que nous nous donnons ici ſoient le gage d’une paix & d’une union durable à jamais. (Toute la Députation a dit : nous le jurons).

Et vous braves militaires de Normandie & d’Artois, du Corps-Royal d’Artillerie, de la Marine Royale & Marchande, de l’équipage le vaiſſeau le Borée ; vous tous enfin qui êtes ici préſens, partagez notre ſatiſfaction, & mêlez vos élans aux nôtres.

C’eſt à vous que nous ſommes redevables de notre état ; c’eſt vous qui dans tous les temps nous avez ſecourus, ſoutenus. Vous ſavez à la Guerre montrer que vous êtes de braves militaires comme vous ſavez