Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La seule observation chinoise plus ancienne, qui ne porte pas en elle-même la preuve de sa fausseté, serait celle de l'ombre faite par Tcheou-Kong vers 1100 avant Jésus-Christ; encore est-elle au moins assez grossière[1].

Ainsi nos lecteurs peuvent juger que les inductions tirées d’une haute perfection de l'astronomie des anciens peuples ne sont pas plus concluantes en faveur de l’excessive antiquité de ces peuples que les témoignages qu'ils se sont rendus à eux-mêmes.

Mais quand cette astronomie aurait été plus parfaite, que prouverait-elle ? A-t-on calculé les progrès que devait faire une science dans le sein des nations qui n’en avaient en quelque sorte point d’autres, chez qui la sérénité du ciel, les besoins de la vie pastorale ou agricole et la superstition faisaient des astres l'objet de la contemplation générale ; où des collèges d'hommes les plus respectés étaient chargés de tenir registre des phénomènes intéressans, et d’en transmettre la mémoire ; où l’hérédité de la profession faisait que les enfans étaient dès le berceau nourris dans les connaissances acquises par leurs pères ? Que parmi les nombreux individus dont l'astronomie était la seule occupation, il se soit trouvé un ou deux esprits géométriques, et tout ce que ces peuples ont su a pu se découvrir en quelques siècles.

Songeons que, depuis les Chaldéens, la véritable astronomie n’a eu que deux âges, celui de l’école d’Alexandrie, qui a duré quatre cents ans, et le nôtre, qui n’a pas été aussi long. À peine l’âge des Arabes y a-t-il ajouté quelque chose. Les autres siècles ont été nuls pour elle. Il ne s’est pas écoulé trois cents ans entre Copernic et l’auteur de la mécanique céleste, et l’on veut que les Indiens aient eu besoin de milliers d'années pour arriver à leurs informes théories[2]?

  1. Voyez dans la Connaissance des Temps de 1809, page 382, et dans l'Histoire de l’Astronomie ancienne de M. Delambre, tome I, page 391, l'extrait d’un Mémoire du P. Gaubil sur les observations des Chinois.
  2. Le traducteur anglais de ce discours cite, à ce sujet, l'exemple du célèbre James Fer-