Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/14

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soumis à des lois nouvelles, à l’occasion de cet essai sur une petite partie de la théorie de la terre.

Ainsi j’étais soutenu dans ce double travail par l’intérêt égal qu’il promettait d’avoir, et pour la science générale de l’anatomie, base essentielle de toutes celles qui traitent des corps organisés, et pour l’histoire physique du globe, ce fondement de la minéralogie, de la géographie, et même, on peut le dire, de l’histoire des hommes, et de tout ce qui leur importe le plus de savoir relativement à eux-mêmes.

Si l’on met de l’intérêt à suivre dans l’enfance de notre espèce les traces presque effacées de tant de nations éteintes, comment n’en mettrait-on pas aussi à rechercher dans les ténèbres de l’enfance de la terre les traces de révolutions antérieures à l’existence de toutes les nations ? Nous admirons la force par laquelle l’esprit humain a mesuré les mouvemens de globes que la nature semblait avoir soustraits pour jamais à notre vue ; le génie et la science ont franchi les limites de l’espace ; quelques observations, développées par le raisonnement, ont dévoilé le mécanisme du monde. N’y aurait-il pas aussi quelque gloire pour l’homme à savoir franchir les limites du temps, et à retrouver, au moyen de quelques observations, l’histoire de ce monde, et une succession d’événemens qui ont précédé la naissance du genre humain ? Sans doute les astronomes ont marché plus vite que les naturalistes, et l’époque où se trouve aujourd’hui la théorie de la terre ressemble un peu à celle où quelques philosophes croyaient le ciel de pierres de taille et la lune grande comme le Péloponèse ; mais, après les Anaxagoras, il est venu des Copernic et des Kepler qui ont frayé la route à Newton ; et pourquoi l’histoire naturelle n’aurait-elle pas aussi un jour son Newton ?

Exposition.C’est le plan et le résultat de mes travaux sur les os fossiles que je me propose surtout de présenter dans ce discours. J’essaierai aussi d’y tracer un tableau rapide des efforts tentés jusqu’à ce jour pour retrouver l’histoire des révolutions du globe. Les faits qu’il m’a été donné de découvrir ne forment sans doute qu’une bien petite