Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/149

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les noms des constellations zodiacales leur avaient été donnés sans aucun rapport avec la course du soleil? comme leur inégalité, l’extension de plusieurs d’entre elles en dehors du zodiaque, leurs connexions manifestes avec les constellations voisines semblent le démontrer[1].

Qu’arriverait-il encore si, comme le dit expressément Macrobe[2], chaque signe avait dû être un emblème du soleil, considéré dans quelqu’un de ses effets ou de ses phénomènes généraux, et sans égard aux mois où il passe, soit dans le signe, soit à son opposite ?

Enfin que serait-ce si les noms avaient été donnés d’une manière abstraite aux divisions de l’espace ou du temps, comme les astronomes les donnent maintenant à ce qu’ils appellent les signes, et n’avaient été appliqués aux constellations ou groupes d’étoiles qu’à une époque déterminée par le hasard, en sorte que l’on ne pourrait plus rien conclure de leur signification[3] ?

En voilà sans doute autant qu’il en faut pour dégoûter un esprit bien fait de chercher dans l’astronomie des preuves de l’antiquité des peuples ; mais quand ces prétendues preuves seraient aussi certaines qu’elles sont vagues et dénuées de résultat, qu’en pourrait-on conclure contre la grande catastrophe dont il nous reste des documens bien autrement démonstratifs ? il faudrait seulement admettre, avec quelques modernes, que l’astronomie était au nombre des connaissances conservées par les hommes que cette catastrophe épargna.

Exagérations relatives à certains travaux de mines.L’on a aussi beaucoup exagéré l'antiquité de certains travaux de mines. Un auteur tout récent a prétendu que les mines de l’ile d’Elbe,

  1. Voyez le Zodiaque expliqué, ou Recherches sur l’origine et la signification des constellations de la sphère grecque ; traduit du suédois de M. Swartz. Paris, 1809.
  2. Saturnal, Lib. I, cap. XXI, sub, fin. Nec solus leo, sed signa quoque universa zodiaci ad naturam solis jure rejerentur, etc. Ce n’est que dans l’explication du lion et du capricorne qu’il a recours à quelque phénomène relatif aux saisons ; le cancer même est expliqué sous un point de vue général, et relatif à l’obliquité de la marche du soleil.
  3. Voyez le Mémoire de M. de Guignes sur les zodiaques des Orientaux. (Académie des belles-lettres, tome XLVII.)