formation de la craie ; mais, ni à cette époque, ni pendant que la
craie s’est formée, ni même long-temps depuis, il ne s’est point incrusté
d’ossemens de mammifères terrestres, ou du moins le petit
nombre de ceux que l’on allègue ne forme qu’une exception presque
sans conséquence.
Nous commençons à trouver des os de mammifères marins, c’est-à-dire
de lamentins et de phoques dans le calcaire coquillier grossier
qui recouvre la craie dans nos environs ; mais il n’y a encore
aucun des os de mammifère terrestre.
Malgré les recherches les plus suivies, il m’a été impossible de découvrir
aucune trace distincte de cette classe avant les terrains déposés
sur le calcaire grossier ; des lignites et des molasses en recèlent à
la vérité ; mais je doute beaucoup que ces terrains soient tous,
comme on le croit, antérieurs à ce calcaire ; les lieux où ils ont fourni
des os sont trop limités, trop peu nombreux pour que l’on ne soit
pas obligé de supposer quelque irrégularité ou quelque retour dans
leur formation. Au contraire, aussitôt qu’on est arrivé aux terrains
qui surmontent le calcaire grossier, les os d’animaux terrestres se
montrent en grand nombre.
Ainsi, comme il est raisonnable de croire que les coquilles et les
poissons n’existaient pas à l’époque de la formation des terrains primordiaux,
l’on doit croire aussi que les quadrupèdes ovipares ont
commencé avec les poissons, et dès les premiers temps qui ont produit
les terrains secondaires ; mais que les quadrupèdes terrestres ne
sont venus, du moins en nombre considérable, que long-temps après,
et lorsque les calcaires grossiers qui contiennent déjà la plupart de
nos genres de coquilles, quoique en espèces différentes des nôtres,
eurent été déposés.
Il est à remarquer que ces calcaires grossiers, ceux dont on se sert à Paris pour bâtir, sont les derniers bancs qui annoncent un séjour long et tranquille de la mer sur nos continens. Après eux l’on trouve bien encore des terrains remplis de coquilles et d’autres produits de la mer ; mais ce sont des terrains meubles, des sables, des marnes, des grès, des argiles, qui indiquent plutôt des transports plus ou