Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/69

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avec ces espèces est ou inconnu comme elles, ou au moins douteux.

Enfin les os d’espèces qui paraissent les mêmes que les nôtres ne se déterrent que dans les derniers dépôts d’alluvions formés sur les bords des rivières, ou sur les fonds d’anciens étangs ou marais desséchés, ou dans l’épaisseur des couches de tourbes, ou dans les fentes et cavernes de quelques rochers, ou enfin à peu de distance de la superficie dans des endroits où ils peuvent avoir été enfouis par des éboulemens ou par la main des hommes ; et leur position superficielle fait que ces os, les plus récens de tous, sont aussi, presque toujours, les moins bien conservés.

Il ne faut pas croire cependant que cette classification des divers gisemens soit aussi nette que celle des espèces, ni qu’elle porte un caractère de démonstration comparable : il y a des raisons nombreuses pour qu’il n’en soit pas ainsi.

D’abord toutes mes déterminations d’espèces ont été faites sur les os eux-mêmes, ou sur de bonnes figures ; il s’en faut au contraire beaucoup que j’aie observé par moi-même tous les lieux où ces os ont été découverts. Très-souvent j’ai été obligé de m’en rapporter à des relations vagues, ambiguës, faites par des personnes qui ne savaient pas bien elles-mêmes ce qu’il fallait observer : plus souvent encore je n’ai point trouvé de renseignemens du tout.

Secondement, il peut y avoir à cet égard infiniment plus d’équivoque qu’à l’égard des os eux-mêmes. Le même terrain peut paraître récent dans les endroits où il est superficiel, et ancien dans ceux où il est recouvert par les bancs qui lui ont succédé. Des terrains anciens peuvent avoir été transportés par des inondations partielles, et avoir couvert des os récens ; ils peuvent s’être éboulés sur eux et les avoir enveloppés et mêlés avec les productions de l’ancienne mer qu’ils recelaient auparavant ; des os anciens peuvent avoir été lavés par les eaux et ensuite repris par des alluvions récentes ; enfin des os récens peuvent être tombés dans les fentes ou les cavernes d’anciens rochers, et y avoir été enveloppés par des stalactites ou d’autres incrustations. Il faudrait dans chaque cas analyser