Page:Discours sur les révolutions de la surface du globe, et sur les changemens qu'elles ont produits dans le règne animal.djvu/81

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où nous avons dit que se trouvent les fossiles d’animaux terrestres, c’est-à-dire dans la plus grande partie de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique, est nécessairement postérieur non seulement aux révolutions qui ont enfoui ces os, mais encore à celles qui ont remis à découvert les couches qui les enveloppent, et qui sont les dernières que le globe ait subies ; d’où il est clair que l’on ne peut tirer ni de ces os eux-mêmes, ni des amas plus ou moins considérables de pierres ou de terre qui les recouvrent, aucun argument en faveur de l’ancienneté de l’espèce humaine dans ces divers pays.

Preuves physiques de la nouveauté de l'état actuel des continens.Au contraire, en examinant bien ce qui s’est passé à la surface du globe, depuis qu’elle a été mise à sec pour la dernière fois, et que les continens ont pris leur tonne actuelle au moins dans leurs parties un peu élevées, l’on voit clairement que cette dernière révolution, et par conséquent l’établissement de nos sociétés actuelles ne peuvent pas être très-anciens. C’est un des résultats à la fois les mieux prouvés et les moins attendus de la saine géologie ; résultat d’autant plus précieux, qu’il lie d’une chaîne non interrompue l’histoire naturelle et l’histoire civile.

En mesurant les effets produits dans un temps donné par les causes aujourd’hui agissantes, et en les comparant avec ceux qu’elles ont produits depuis qu’elles ont commencé d’agir, l’on parvient à déterminer à peu près l’instant où leur action a commencé, lequel est nécessairement le même que celui où nos continens ont pris leur forme actuelle, ou que celui de la dernière retraite subite des eaux. C’est en effet à compter de cette retraite que nos escarpemens actuels ont commencé à s’ébouler, et à former à leur pied des collines de débris ; que nos fleuves actuels ont commencé à couler et à déposer leurs alluvions ; que notre végétation actuelle a commencé à s’étendre et à produire du terreau ; que nos falaises actuelles ont commencé à être rongées par la mer ; que nos dunes actuelles ont commencé à être rejetées par le vent ; tout comme c’est de cette même époque que des colonies humaines ont commencé ou recommencé à se répandre, et à faire des établissemens dans les lieux