Page:Ditandy - Parallèle d’un épisode de l’ancienne poésie indienne avec des poëmes de l’antiquité classique.djvu/30

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meurt. Yama[1], le dieu des morts, arrive ; lie l’âme[2] du malheureux jeune homme avec une corde, et l’entraîne vers les régions du Midi. Sâvitrî le suit, l’assiége, et contraint le dieu, Vaincu par sa sagesse et sa piété, à lui accorder cinq grâces, parmi lesquelles la vie de son mari. C’est dans ces circonstances que se produit avec force la tendresse conjugale.

À peinte revenu à lui, Satyavân s’inquiète de son père et de sa mère, que sa longue absence, qu’il attribue à un accablant sommeil, ne peut manquer d’alarmer beaucoup.

En effet, Dyoumatséna et sa femme Çaivyâ, ne voyant pas revenir leur fils à l’heure accoutumée, vont à sa recherche et prennent mille peines inutiles pour le trouver. Leur douleur n’est comparable qu’à celle de Satyavân. Les Brahmanes voisins les ramènent enfin dans leur ermitage et leur af-

  1. Dieu des enfers, juge des morts et distributeur des récompenses et des châtiments. Son nom signifie « le dompteur. » Il est dieu de la justice sous le nom de Dharma, « le devoir. » Il est le régent du Midi. Enfin il préside, comme âditya, au mois Bhâdra (août-septembre).
  2. Il y a dans le texte pourousha. Ce mot signifie « un mâle, un homme, » et, par suite, un petit, homme intérieur, une sorte de réduction de l’homme lui-même, qui, pour les Indiens, personnifia d’abord, non le principe pensant, l’âme, mais la force vitale. Le texte porte « une âme de la longueur d’un pouce. » Cette représentation matérielle de l’âme appartient sans doute aux croyances primitives, car plus tard la religion et la philosophie des Indiens s’accordèrent à considérer l’âme comme immatérielle, et alors le mot pourousha fut pris aussi dans ce dernier sens.