Page:Djemâl ad-Dîn al-Afghâni - Lettre sur l’islamisme et la science d’Ernest Renan, paru dans le Journal des débats, 18 mai 1883.djvu/23

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dans ces deux villes, de mettre de côté et la science proprement dite et la philosophie, en cherchant à les étouffer l’une et l’autre sous les broussailles des discussions théologiques, pour expliquer les inexplicables mystères de la Trinité, de l’Incarnation et de la Transsubstantiation. Il en sera toujours ainsi. Toutes les fois que la religion aura le dessus, elle éliminera la philosophie ; et le contraire arrive quand c’est la philosophie qui règne en souveraine maîtresse. Tant que l’humanité existera, la lutte ne cessera pas entre le dogme et le libre examen, entre la religion et la philosophie, lutte acharnée et dans laquelle, je le crains, le triomphe ne sera pas pour la libre pensée, parce que la raison déplaît à la foule et que ses enseignemens ne sont compris que par quelques intelligences d’élite et parce que, aussi, la science, si belle qu’elle soit, ne satisfait pas complètement l’humanité qui a soif d’idéal et qui aime à planer dans des régions obscures et lointaines que les