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LE POÈME SANS NOM.

V


Oui, loin de toi, j’attends ; oui, loin de toi, je rêve.
À quoi puis-je rêver ? Qui donc attends-je ainsi ?
Tu ne l’ignores pas. Et je crois voir, d’ici,
Ce sourire aiguisé dont tu t’armes sans trêve,
 
Eh bien ! oui, dans le bois, sur la lande ou la grève,
La mémoire de nous me traque sans merci ;
Et, soudain, durement, s’avive mon souci,
Quand je pense à quel point, la vie étant si brève,

D’en gâcher tant de jours nous sommes insensés !
Et je crie à l’écho : « C’est assez, c’est assez ! »
Et vers moi je te sais toute tendue, oui, toute !

Mais ton orgueil résiste à tes sens consentants.
Et, cependant, malgré la torture du doute,
C’est à toi que je rêve, et c’est toi que j’attends.