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Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/186

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LE POÈME SANS NOM.


CXLVIII


Pour te peindre, vois-tu, des cheveux aux orteils,
Je n’ai pas de pinceaux trempés dans l’ambroisie ;
Je n’use point de ces couleurs de frénésie
Qui répandent sur tout des ors et des vermeils.

Et je n’écrirai pas : « Tes yeux sont des soleils !
Ils luisent comme ceux des princesses d’Asie ! »
Non, d’eux je puis bien dire, et sans discourtoisie,
Qu’avant, j’en avais vu des milliers de pareils.

Sous les cils noirs, soyeux d’ailleurs, dont tu les voiles,
Ils n’évoquèrent pas, même, en moi, des étoiles.
Je ne m’écriai point : « Les célestes flambeaux !

Et, de fait, ils n’ont rien d’astral ni de stellaire…
Et, si je le trouvai plus beaux que les plus beaux,
C’est qu’en eux je lisais que j’avais su leur plaire.