Aller au contenu

Page:Docquois - Le Poème sans nom, 1919.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
LE POÈME SANS NOM.


XLIII


Bien qu’à nous oublier nous mettions tous nos soins,
Nous nous sommes présents plus qu’avant, somme toute
D’esprit, vers moi tu fais la moitié de la route ;
Et, d’esprit, malgré moi, toujours je te rejoins.

Bien que nous ne soyons, ni toi ni moi, témoins,
Matériellement, de l’irréelle joute
Où nous nous confondons, il reste hors de doute
Que nous n’en jouissons l’un de l’autre pas moins.

Dans notre mutuelle absence et son silence,
Un fluide puissant l’un vers l’autre nous lance.
Loin l’un de l’autre ainsi, notre choc est flagrant ;

Et, bien que nos deux chairs le souffrent malgré elles,
Nous avons, chaque fois, le bonheur écœurant
D’en retrouver sur nous les traces trop réelles…