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Page:Documents relatifs à l’extension des limites de Paris.djvu/4

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les deux lignes semblait sortir comme une conséquence si naturelle, si directe de la loi des fortifications, qu’un délai de vingt années ayant été demandé à la Chambre des députés, l’amendement souleva des exclamations et fut rejeté sans débat. Or, ce délai, qui semblait excessif alors, est près de son terme. Dix-huit ans se sont écoulés depuis que la question a été posée et la solution annoncée. Qui donc pourrait s’étonner, qui pourrait se plaindre, si le Gouvernement de l’Empereur juge indispensable la réalisation d’une mesure si longtemps suspendue par ménagement pour les intérêts particuliers qu’elle pouvait froisser, qu’il y veuille aujourd’hui donner suite ?

Mais cette mesure est-elle en effet nécessaire, conforme à la raison, au bien public, aux besoins de l’Administration, aux enseignements d’une sage politique ? ou doit-il en résulter pour les habitants de la zone suburbaine, pour les ouvriers notamment et les industries qui s’y sont agglomérés, un tel dommage que toute considération administrative et même politique doive céder à la crainte de troubler tant d’existences ?

Votre Majesté m’a ordonné d’étudier ces questions. Je l’ai fait, et je viens lui soumettre le résultat de mon examen.


§1er.


En 1806, les territoires compris dans la zone suburbaine ne contenaient en tout que 13,227 âmes. En 1841, lors de l’adoption du projet des fortifications de Paris, la population était de 114,315 habitants. En 1856, date du dernier recensement, elle s’élevait à 351,396.

Montmartre y figure pour 36,000.

Batignolles, sur des terrains qui étaient encore en culture il y a trente ans, représente un chiffre de 44,000.

Belleville en compte 58,000.

La Villette, La Chapelle, Passy, Grenelle, etc., ont suivi, dans leur développement, une progression équivalente.

Ce sont des groupes d’habitations considérables, supérieurs par leur population à la plupart des villes chefs-lieux des départements de l’Empire.

Mais quand on examine les choses de près, on reconnaît promptement qu’on ne les peut comparer aux cités importantes avec lesquelles, si l’on s’arrête aux chiffres de la population, elles peuvent rivaliser ; que loin de pouvoir être considérées comme des villes, elles manquent du principe constitutif de toute adminis-