Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/121

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qui l’avaient poursuivi nuit et jour depuis une semaine. En vrai John Bull qu’il était, il ne doutait pas un instant que sa « légèreté anglaise, » sa « force anglaise, » son « tout anglais, » en un mot, ne le missent à même de battre sur la glace la Hollande elle-même et le monde entier ! Il est de fait que Ben patinait admirablement. Il n’avait pas eu moitié autant d’occasions de s’exercer que ses compagnons, mais il avait tiré tout le parti possible de celles qui s’étaient présentées. Il était, de plus, construit si solidement et d’une telle souplesse de membres, si ferme, si bien ajusté, si vif et si gracieux de sa personne, et depuis son enfance si heureusement rompu aux exercices gymnastiques qu’il s’était mis, dès le premier jour, à patiner aussi naturellement que le chamois à sauter et l’aigle à s’élever dans les airs.

Le pauvre Hans, pendant cette nuit étoilée et le jour plus brillant encore qui lui succéda, tout entier à ses inquiétudes, était le seul à dix lieues à la ronde qui eût complètement oublié les patins d’argent. Gretel elle-même les avait vus flotter devant ses yeux, en dépit de toutes ses autres préoccupations, pendant ses heures de veille pénible auprès de son père.

Rychie, Hilda et Katrinka n’avaient pensé qu’à cela : « La course aura lieu le 20 ! »

Ces trois jeunes filles étaient amies. Quoique à peu près du même âge, du même monde et de capacités identiques, elles différaient entre elles autant qu’il est possible à des jeunes filles de le faire.

Vous savez déjà que Hilda Van Gleck, âgée de quatorze ans, avait le cœur compatissant et des sentiments élevés.

Rychie Korbes était fort belle, beaucoup plus étincelante, sinon plus jolie que Hilda, mais d’un caractère bien moins aimable. Des nuages d’orgueil, de vanité toujours en éveil et toujours mécontente, et par suite d’envie, s’étaient