Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/20

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« Une chose est claire, s’écrierait master « Tantmieux », c’est que les Hollandais ne doivent jamais avoir soif ! »

C’est ce qui vous trompe : Odd-Land (drôle de terre) est conséquente avec elle-même en ceci encore : en dépit de la mer qui fait tous ses efforts pour entrer et des lacs intérieurs qui s’évertuent à sortir ; en dépit des canaux, des rivières et des fossés débordants, il y a un grand nombre de districts où il n’existe pas une goutte d’eau vive à boire. Nos pauvres Hollandais sont forcés de vivre le gosier sec, ou réduits à boire du vin et de la bière, quand ils ne peuvent pas envoyer chercher bien loin dans le pays, à Utrecht et autres localités plus favorisées, ce précieux liquide plus vieux qu’Adam et cependant jeune comme la rosée du matin, qu’on appelle de l’eau pure et potable. Quelquefois, il est vrai, les habitants peuvent se donner la joie d’avaler une averse, si le hasard propice daigne les en gratifier ; mais la plupart du temps ils ressemblent aux marins du célèbre poëme de Coleridge, lesquels poursuivis par l’albatros fantôme voient :

« De l’eau, de l’eau partout, et pas une seule goutte à boire ! »

Il est impossible de décrire la Hollande avec méthode ; comme tout s’y mêle, il faut parler de tout à la fois.

Les grands moulins avec leurs ailes battantes ressemblent à une troupe d’immenses oiseaux aquatiques, momentanément posés à terre. Les arbres affectent les formes les plus excentriques ; leurs tiges ne sont jamais abandonnées à elles-mêmes ; chacun dispose leur chevelure à sa mode, et Dieu sait les têtes étranges qu’on leur fait. Leurs troncs sont peints, soit d’un blanc éclatant, soit de jaune ou de bleu. Les chevaux sont souvent attelés trois de front. Les hommes, les femmes, les enfants trottent en faisant claquer leurs sabots à talons mobiles. Les filles de campagne qui n’ont pas de frères, de cousins ou de danseurs