Page:Dodge Stahl - Les Patins d argent.djvu/277

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La Marraine fit semblant de se fâcher.

« Méchante enfant, dit-elle en fronçant le sourcil d’un air terrible, pour te punir de t’être moquée d’une Fée, ton vœu à toi ne s’accomplira pas !

— Ha ! ha ! fit Gretel au comble de la joie ; attendez donc, Marraine, et ne vous pressez pas tant : je n’ai encore rien désiré. »

Annie poussa son rôle jusqu’au bout avec un sérieux qui résista au rire communicatif de sa petite amie, et elle s’éloigna majestueusement, personnifiant à merveille la dignité offensée.

« Bonsoir, madame la Fée, s’écrièrent-ils tous deux.

— Bonsoir, mortels ! » répondit-elle en sautant par-dessus un fossé gelé et se hâtant de courir vers sa demeure.

« Oh ! n’est-ce pas qu’elle est comme les fleurs, si belle et si charmante ! s’écria Gretel, la suivant des yeux avec un naïf enthousiasme. Quand on pense à tous ces jours qu’elle passe enfermée dans une chambre obscure, tout entière dévouée à sa grand’mère ! – Mais quoi ! frère Hans, qu’avez-vous ? Qu’est-ce qui vous prend ? »

— Attendez et vous verrez, répliqua Hans en rentrant dans la cabane pour en ressortir presque aussitôt, tenant à la main la bêche et le ysbrekker, je veux enterrer ma perle magique ! l’enterrer profondément ! »

Et il se mit à l’œuvre avec une sorte de furie, au grand étonnement de Gretel.

Raff Brinker dormait toujours. Dame Brinker filait, filait, depuis une demi-heure. Un sentiment de froid l’ayant avertie que le feu allait s’éteindre, elle prit une motte de tourbe sur sa provision presque épuisée, et la jeta sur le feu. Puis ouvrant la porte, elle appela doucement :

« Rentrez, mes enfants, leur dit-elle, le froid va vous prendre.

— Mère, mère ! Accourez ! s’écria Hans.