Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/107

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canal, portant quelque chose dans son tablier. Arrivée au bord, elle y prit un objet qu’elle jeta dans une baie pratiquée à travers la glace. Cinq fois, elle plongea sa main dans le tablier, et cinq fois, lança un objet. Dirk, qui s’était approché, attrapa le dernier au vol, et se sauva en le dissimulant sous son chandail. Il remonta sur le quai de notre côté, et me montra un petit chat gris, au ventre blanc, de quelques, semaines.

— J’ai sauvé celui-ci, bégayait-il. Allons vite le réchauffer et lui donner du lait.

À la maison, Dirk, prit le pot au lait sur le poêle, et en donna un peu au petit chat. Ma mère réclama :

— Écoute, non : du lait, nous en avons trop rarement nous-mêmes.

— Voyons, mère, pour le remettre de son émotion d’avoir été jeté de si haut !

— C’est bien, si c’est pour l’émotion ; mais je ne veux pas de commensal.

— Je lui donnerai de ma tartine, et l’impasse est remplie de souris, et le canal de rats.

Le petit chat but précieusement en montrant une languette rose ; puis il se mit sur ses quatre pattes, s’étira, et le dos bombé, la queue dressée, il marcha sur la table en donnant de délicats