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UN PAIN POUR DES TIMBRES
J’étais rentrée, très énervée d’une longue pose debout chez un peintre, avec des vêtements mouillés sur moi, et de n’avoir, de toute la journée, mangé qu’un exquis petit sandwich au saumon qu’il m’avait donné. À la maison, rien. Tous m’attendaient, croyant que j’apporterais l’argent de la pose ; mais on ne m’avait pas payée, et je n’osais jamais demander.
Nous discutions de quelle façon nous pourrions bien obtenir du pain à crédit, quand je me souvins d’avoir en poche quelques timbres d’un, deux et cinq centimes. Je les avais trouvés à l’atelier, parmi les paperasses dont je débarrassais un plat de Delft, et, comme ils étaient chiffonnés et racornis, le peintre me les avait laissés.