mauvaises herbes, et crever de misère. Moi, je n’aurai pas d’enfants !
— Quel est ce langage malpropre ? d’où sors-tu ?
— Voyons, j’ai dix-huit ans ; c’est abominable de nous avoir jetés dans la vie pour faire de nous ce que vous faites !
— Tu parles selon ton intelligence ; il faut bien prendre les enfants quand ils viennent.
— Ah zut ! c’est sans doute moi qui aurais dû vous apprendre à ne pas en avoir.
La porte s’ouvrit. Kees s’arrêta sur le seuil, n’osant entrer. Je ne le regardai pas.
— N’y a-t-il rien à manger ? demandai-je à ma mère.
— Non, je croyais que tu aurais rapporté quelque chose.
Kees entra ; il fit le tour de la chambre, en m’observant. Nos regards se rencontrèrent. Le sien disait :
— Tu vois, j’aurais pu te donner du pain, mais tu es montée sur tes grands chevaux, et voilà !
Ah ! ce petit être adorable ! il avait cherché à utiliser sa souplesse, son adresse, dont il se prévalait auprès des autres gamins. Ce jeu, où librement on l’avait laissé se développer, il voulait