Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/23

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QUAND JE ME RÉVEILLAI,
C’ÉTAIT LE SOIR


J’avais eu la rougeole et m’étais, une après-midi, échappée de la maison pour regarder des garçons jouer à jeter des billes dans des tuyaux de pipe fichés en terre. Je m’étonnais de voir leurs ombres s’agrandir ou se rapetisser suivant leurs mouvements, et je me demandais d’où provenaient ces ombres et pourquoi elles s’agrandissaient et se rapetissaient ainsi, quand je me sentis tout à coup empoignée par derrière, secouée dans tous les sens, et une voix criait :

— Méchante fille, tu pourrais mourir d’être sortie !

C’était notre servante qui m’arrangeait de cette façon : nous avions, quelle dérision ! une