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— Si ! Si ! c’est du français : je me rappelle fort bien que ma mère, quand j’étais petite, parlait le français avec son frère de Liège, et que « Non ! Non ! » revenait souvent dans la conversation. Où as-tu entendu ces mots ?

Je ne voulais rien dire. Mina soutenait mordicus que je les inventais. Je n’inventais jamais rien : les termes inusités dont je me servais, je les avais lus ou entendus, et je les répétais à la grande exaspération de ma famille ; mais jamais je ne m’étais servi d’aucun comme de ceux-ci.

Devant une injustice, je criais : « Non ! Non ! » Quand on voulait me prendre mes joujoux, je trépignais « Non ! Non ! » Enfin « Non ! Non ! » étaient devenus pour moi les mots suprêmes de la protestation, et j’en avais si bien saisi la signification que je suis sûre de ne les avoir jamais dits à contresens.