Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/47

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gée. D’autres me donnèrent des morceaux mordus. Je ne voulus de rien, décidée à ne plus venir à l’école plutôt que de subir pareilles humiliations.

À la sortie, toutes m’attendaient et commencèrent à me houspiller. Je me défendis des pieds et des mains, et en mordis cruellement une qui me griffait la figure. Mais elles m’acculèrent à un mur, et ensemble me cognaient, me tiraient par mes boucles et me crachaient au visage, quand un homme, à grands coups de pied dans le tas, vint me délivrer.

À la maison, je suppliai ma mère de ne plus m’envoyer en classe, puisque partout on me maltraitait à cause de mes poux et de notre pauvreté.

Elle répondit que je devrais forcément rester à la maison pour garder les enfants : qu’elle allait être obligée de courir les établissements de charité afin d’obtenir des secours, car père, n’ayant pas de travail, était parti en chercher dans une autre ville.

Tous nos pauvres petits ont été traités de la sorte à l’école. Kees et Naatje rentraient ordinairement, la figure tuméfiée, et en pleurs. Kees