Page:Doff - Jours de famine et de détresse, 1943.djvu/84

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Barend faisait un temps de course, puis criait :

— Lâchez !

Et, après plusieurs essais, le cerf-volant montait en tanguant.

Quand il était à une certaine hauteur, Barend passait le peloton de corde à Kees, et d’un saut s’asseyait sur la toiture en zinc de l’échoppe. Kees alors lui rendait la boule qu’il avait dû tenir de toutes ses forces, grimpait à côté de lui, et la déroulant méthodiquement, tous deux suivaient le joujou aérien dans son ascension.

Toute la matinée, l’homme et l’enfant restaient là, la tête levée, à observer gravement les évolutions du cerf-volant qui montait, montait, en balançant élégamment sa longue queue. Quand il avait disparu très haut, ils se regardaient émotionnés, et la satisfaction brillait dans leurs yeux.

De temps en temps, Barend demandait à Kees de rallumer sa pipe en terre, ou il lui faisait tenir le bâton, dévidé maintenant, et il rajustait sa chique, après avoir lancé un long jet de salive brune. Puis l’un et l’autre se taisaient, tout à leur contemplation.

Quelques minutes avant midi, la femme de Barend poussait un cri pour l’avertir que le dîner