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MA ROBE DE PREMIÈRE COMMUNION


La faim, c’était l’éternelle rengaine chez nous. Comment allons-nous faire pour trouver à manger ? Quel expédient inventer ? Nulle part du crédit, et rien, rien, à mettre au clou.

— À moins, dit ma mère, que nous y mettions, pour quelques jours, ta robe de première communion.

— Ma robe de première communion ! mais…

— Mais… nous ne pouvons pas rester indéfiniment sans manger.

Ma mère avait toujours dit que j’aurais été habillée de bleu à ma première communion, et voilà que nous avions acheté cette robe gris-de-perle, garnie de ruches, d’une pauvre étoffe raide et rêche. Je la pris dans le placard : elle était bien sale, surtout sur les hanches, d’y avoir