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Tristapatte.

Oui, elle est en bon train, notre fortune.

chant.

D’un coup d’commerce tu me tentes,
Tous deux nous entreprenons
D’réunir des bêtes savantes,
Et nous nous associons.
De peur de la concurrence,
Nous abandonnons Paris,
Et pour doubler not’finance,
Nous am’nons dans ce pays
L’ours savant et plein d’adresse,
Le chat savant qui miaule en ut ;
Bref, des savants de toute espèce,
C’était pis qu’un institut.
Mais des gens de c’t’importance
Mangeaient tous soir et matin :
Ne pouvant viv’ de science,
En route ils sont morts de faim.
Lors avec eux j’m’en accuse,
J’ai calmé mon appétit
Et j’ai la science infuse
Sans en avoir plus d’esprit.

Pour dernier coup… à notre âne

Nous v’nons de fermer les yeux,
Et de toute la caravane
Il ne reste que nous deux.

bis.
Lagingeole.

Et ne nous reste-t-il pas nos talents, notre industrie ? Avec de l’esprit, et j’en ai… de l’effronterie, et tu en as, on se tire de tout.

Tristapatte.

V’là que je suis un effronté maintenant.

Lagingeole.

Enïïn, n’est-ce pas toujours toi qui te mets en avant ?

Tristapatte.

C’est-à-dire que tu me mets toujours en avant, et je commence à en avoir assez. S’il y a quelque danger à courir, quelques coups de bâton à recevoir, c’est toujours pour moi, voilà mes profits ; nous devrions au moins partager.