Page:Doin - Le Pacha trompé ou les Deux ours, 1878.djvu/24

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Lagingeole.

Seigneur, vous prenez un ours ; il faut pour cela qu’il soit jeune ; cependant il serait vieux, que ce serait absolument la même chose. Vous l’élevez comme il faut, je dis, comme il faut, car là-dessus chacun a sa manière, et je n’en puis fixer aucune, particulièrement. Vous lui donnez de l’éducation, et il se trouve instruit, s’il profite de vos leçons.

Schahabaham.

Parbleu ! vous m’étonnez autant que votre ours. Mais comment diable avez-vous pu le rendre musicien ?

Lagingeole.

Seigneur, je lui ai appris la musique.

Schahabaham (à part).

Cet homme-là s’exprime avec une clarté, une facilité qui me surprennent ! (Haut.) Votre ours danse-t-il, mon ami ?

Lagingeole.

Oui, Seigneur. Allons, Rustaut, faites vos invitations.

Schahabaham.

Qu’il prenne pour danser mes deux jeunes esclaves. (Il désigne Victor et Auguste).

Lagingeole.

Obéissez, Rustaut. (L’ours s’approche des deux esclaves, ils dansent tous les trois au son de la musique, ensuite ils forment le rond et l’ours approche sa tête de Victor comme s’il voulait lui parler bas à l’oreille.)

Victor (à part).

Quelle imprudence !

Schahabaham (descend du trône).

Assez ! assez ! Que tout le monde se retire ; tout le monde, excepté vous, l’homme aux bêtes. Qu’on promène cet ours dans les jardins du palais ; allez.

Victor (à part).

Ciel ! protège mon pauvre oncle.