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Criquet.

Dame, parrain, c’était pas dans mon goût d’endosser l’habit d’soldat ? qu’voulez-vous, j’pouvais pas me r’changer, moi !

Lefuté.

Allons, c’est bon, tais-toi… Je vais aller au village parler aux amis afin de nous réunir tous ici au plus vite… je reviendrai dans une heure ou deux… Travaille bien.

Criquet.

Oh ! oui, oui, mon p’tit parrain, pour l’arrivée d’nos deux braves, j’puis m’casser bras et jambes !… Oh ! dame, j’vous promets que l’travail ne m’fera pas peur.

Lefuté.

Allons, nous verrons ça ; bon courage. (Il sort.)




Scène 3me.

Criquet (seul).

Ah ! quand j’y pense !… quelle fête ! quelle bombance qu’on va faire !… C’est pour le coup qu’parrain va sortir de sa cave ses vieilles bouteilles de c’bon vin d’la comète de 1811 !… Ah !… (il s’asseoit, le balai droit entre ses jambes). Dire qu’y a deux ans qu’j’ai vu Robert ! J’parie qu’y doit être grand… et pis y doit s’tenir droit comme un i… Ça doit faire un beau… un beau… zou… zou… zouba… comment qui dit ça, donc, parrain ?… j’peux jamais m’mettre c’diable de nom-là dans la tête… Et Julien, qu’avait l’air si doux, j’sis sûr à présent qu’il a une grosse voix et pis… et pis… j’vas t’y les faire parler, j’vas t’y leur en demander des affaires, des combats d’bataille !… Ah ! et pis y faudra qu’y m’montrent pour manigancer un fusil de soldat !… C’est c’te pauvre vieille Marguerite, la mère de Julien, va-t-elle être contente de voir son garçon, elle qu’a tant pleuré, quand elle a appris son départ !… Pauvre vieille ! comme elle va l’embrasser, l’cajoler, l’bichon-