Page:Doin - Le conscrit ou le Retour de Crimée, 1878.djvu/8

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faute aux enfants de la France, car malheureusement, il faut bien se l’avouer, de prétendus philosophes, des écrivains immoraux lancent parmi notre brillante jeunesse, des feuilles impies, par malheur trop tolérées de l’autorité !… Oui, la foi s’éteint !… Et s’il le faut !… Ah ! mes braves amis, je ne vais pas plus loin… car si la France un jour est envahie par l’étranger… c’est que la main de Dieu se sera appesantie sur elle !… Mais non !… la France est la fille aînée de l’Église et ses enfants ne se montreront pas ingrats !… Tenez, éloignons de nous ces pensées qui m’ôteraient tout mon courage !… Allons, mes braves amis… je vous quitte, je vais faire un tour au village et je reviendrai dans quelques heures chercher nos jeunes recrues et en avant, le sac sur le dos… Au revoir…

(Il sort avec Tapin).


Scène 2me.


LES PRÉCÉDENTS (hors Lavaleur et Tapin).
Lefuté.

Comme ça mon cher Robert, tu es donc bien décidé et bien content de partir ?

Robert.

Oui, M. Lefuté, joyeux et content !… Quel bonheur de verser son sang pour la patrie !… Quel plaisir de voir une belle et grande bataille !… Tenez, les récits de ce brave sergent ont doublé mon courage.

Julien.

J’en connais un qui n’est pas si joyeux que toi, Robert.

Lefuté.

Ah ! tu veux parler de mon filleul Criquet ? Il est vrai que le pauvre garçon fait une triste figure depuis qu’il a tiré à la conscription et qu’il a amené le numéro Un !… Il ne mange plus, il ne fait que pleurer… Ma parole, ça me fait de la peine.