Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/23

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s’écoula en dévotions, actions de grâce et hymne de louange au créateur, on avait point de lampes ardentes devant le St . Sacrement, mais on avait certaines mouches brillantes qui y luisaient fort agréablement jour et unit étant suspendues par des filets d’une façon admirable et belle, et toute propre à honorer selon la rusticité de ce pays barbare, le plus adorable de nos mystères.

Le lendemain, après toute cette cérémonie finie, on commença d’ordonner toutes choses à l’égard du poste où on était ; chacun d’abord se campa sous des tantes, ainsi qu’en Europe lorsqu’on est à l’armée, ensuite ou coupa des pieux avec diligence et on fit d’autres travaux afin de l’envirroner et de s’assurer contre les surprises et insultes qu’on avait à craindre de la part des Iroquois. Il est vrai que cette espèce de fortification précipitée était d’autant plus facile que M. de Champlain étant autrefois venu en traite, avait fait abattre beaucoup d’arbres pour se chantier et se garantir des embuscades qu’on lui eut pu faire dans le peu de temps qu’il y demeurait ; de plus ce poste était naturellement très avantageux parce qu’il était enfermé entre le fleuve de St . Sacrement et une petite rivière qui s’y décharge, laquelle était bordée d’une prairie fort agréable qu’on appelle la Commune, et que de l’autre côté, où ni la rivière ni le fleuve ne passent, il y avait une terre marécageuse et inaccessible que depuis on a desséché et dont a fait le domaine des Seigneurs, ce qui fait assez voir l’avantage du poste ; au reste, il y avait pour lors dans la prairie dont nous venons de parler, tant d’oiseaux de différents ramages et couleurs qu’ils étaient fort propres à apprivoiser nos Français dans ce pays sauvage. Si nous regardons la commodité du commerce, comme ce lien est lopins avancé où les hargnes puissent monter, il n’y a pas de doute que ce lieu soit un des meilleurs du pays pour accommoder les habitants par le moyen du négoce qu’ils y peuvent faire par le moyen des sauvages qui y descendent en canots, de toutes les nations supérieures. Monsieur le chevalier de Montmagny ayant demeuré en ce lieu jusqu’à ce qu’il fut tout entouré de pieux, il quitta par après M. de Maison-Neufve et s’en retourna à Kébecq. Quant à Mme de la Pelletrie et M. de Puizeaux, ils demeurèrent au Montréal à la consolation d’un chacun ; pendant l’été on s’employa à faire venir ce qu’on avait laissé à Pizeaux et ailleurs ; ce qui obligea M. de Maison-Neufve à voir continuellement une partie de son monde occupé à la navigation ; et le réduisit à n’avoir que 20 soldats avec lui, d’autant que outre ceux qu’il avait sur ses hargnes, il en avait encore d’autres à Québec qui travaillaient au parachèvement du magasin que nous avons dit. Il est vrai que Dieu favorisa beaucoup ces nouveaux colons de ne les point faire si tôt décou-