Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/63

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du fleuve où nos Français résolurent de l’attaquer la nuit suivante avec la permission de M. de Maison-Neufve, mais un capitaine Iroquois, qui ne participait en rien à leur trahison et qui était ici, voyant les préparatifs s’en faire, pria qu’on n’en fit rien, ce qu’on lui accorda parcequ’on l’aimait. Le lendemain cet homme alla voir Laplume et les autres afin de tout pacifier et avoir tous les esclaves Français comme nous le souhaitions, ce qui lui fut refusé absolument, et peu après que les nouvelles en eurent été rapportées au château, voilà que tous les Iroquois en plein midi traversent à notre barbe de notre côté afin de nous venir escarmoucher, mais M. de Maison-Neufve ne leur en donna pas le temps, car il commanda au major de les aller charger sur le bord du rivage où il les voyait aborder, ce qui se fit si heureusement que M. Lemoine lui quatrième prit le commandement, lui cinquième, sans qu’il osât tirer aucun coup, parce qu’ils leur mirent le fusil dans le ventre auparavant qu’ils les eussent aperçus. Quand au reste des Iroquois, ils furent mis en fuite et en déroute par M. le Major. Ces barbares voyant qu’on leur avait été la meilleure plume de leur aile, commencèrent à ramper et à demander la paix avec toutes sortes de soumissions, ce qui fut moyennée par l’ambassadeur que nous avons ici ; lequel dit que le célèbre La Grand’Armée, grand capitaine Aniez, venait en guerre, qu’il s’en allait au devant de lui, et qu’aussitôt qu’il lui aurait appris les capitaines que nous avions pris il lui ferait faire ce que nous souhaiterions. Il s’en alla et rencontra la Grand’Armée avec un parti d’Aniez, les plus lestes et mieux faits qu’on eut encore vus ; quand il l’eut trouvé, il lui dit : “ Vous allez en guerre, et vous ne savez pas que tels et tels de nos capitaines sont captifs au Montréal, et que faisant quelques coups vous allez les faire tuer par les Français.” Ces paroles firent tout d’un coup échouer ces grands desseins et penser uniquement à la paix ; que cet ambassadeur dit qu’il l’obtiendrait s’il la demandait aux Français qui étaient bons ; cet avis lui fit faire un beau et grand pavillon blanc au derrière de son canot ; en cette équipage il passa en plein jour devant le Montréal, mit pied à terre un peu au dessus ; vint parlementer et demanda qu’on lui fit venir les prisonniers, ensuite les ayant vus, il proposa la paix pour les ravoir ; on lui dit qu’on l’acceptait pourvu que l’on ramena tous les prisonniers Français ; ce que faisant, on leur rendrait les leurs. Il donna parole de le faire dans un certain temps, à quoi il fut fort ponctuel, il ramena les quatre enfants de Messieurs Moyen et Macar, Messieurs de St. Michel et Trottier avec le nommé La Perle qu’on avait perdu au Trois-Rivières sans espérances de le ravoir, et autres, enfin on leur fit rendre tous les captifs de ce pays ; au