Page:Dollier de Casson - Histoire du Montréal, 1640-1672, 1871.djvu/85

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capable de faire abandonner le parti à un plus grand nombre : ces nouveaux ennemis étant arrivés le cinquième jour,et faisant lors un gros de 800 hommes, ils commencèrent de donner de furie sur nos gens, mais jamais ils n’approchèrent de leur fort dans les différents assaults qu’ils lui livrèrent qu’ils ne s’en retirassent avec de grandes pertes ; ils passèrent encore trois journées après ce renfort à les attaquer d’heures en heures tantôt tous, tantôt une partie à la fois, outre cela, ils abattirent sur eux plusieurs arbres qui leur firent un grand désastre, mais pour cela, ils ne se rendirent point car ils étaient résolus de combattre jusqu’au dernier vivant, cela faisait croire aux ennemis que nous étions bien davantage que les lâches Hurons le leur avait dit. C’est pourquoi ils étaient souvent on délibération de quitter cette attaque qui leur contait si bon, mais enfin le huitième jour de ce siège arrivé, une partie des ennemis étant prête à abandonner l’antre lui dit que si les Français étaient si peu, ce serait une honte éternelle de s’être fait ainsi massacrer par si peu de gens sans s’en venger. Cette reflexion fut cause qu’ils interrogèrent tout de nouveau les traîtres Hurons qui les ayant assurés du peu que nous étions, ils se déterminèrent à ce coup là de tous périr au pied du fort où bien de l’emporter ; pour cela, ils jetèrent des bûchettes afin que ceux qui voudraient bien être les enfants perdus les ramassassent, ce qui est une cérémonie laquelle s’observe ordinairement parmi eux lorsqu’ils ont besoin de quelques braves pour aller dans un lieu fort périlleux, incontinent que les bûchettes furent jetées, ceux qui voulurent se faire voir les plus braves les levèrent et voilà qu’aussitôt ces gens s’avancèrent tête baissée vers le fort et tout ce qu’il y avait de monde les suivit ; alors ce qui nous restait de gens commença à tirer pêle-mêle de grands coups de fusils et gros coups de mousquetons, enfin l’ennemi gagna la palissade et occupa lui-même les meurtrières ; lors le perfide Lamouche qui s’était rendu aux Iroquois avec les autres Hurons cria dans son faux bourdon, avec lequel il aurait bien mérité voler jusqu’au gibet,à son illustre parent Anontaha, u qu’il se rendit aux ennemis qu’il aurait bon quartier.” À ces lâches paroles Anoutalui répondit ; " J’ai donné ma parole aux Français, je mourrai avec eux.” Dans ce même temps, les Iroquois faisaient tous leurs efforts pour passer par dessus nos palissades ou bien pour les arracher ; mais nous défendions notre terrain vigoureusement, que le fer et le sabre n’y étaient pas épargnés. Daulac dans cette extrémité chargea un gros mousqueton jusqu’à son embouchure, il lui fit une espèce de petite fusée afin de lui faire faire long feu et d’avoir le loisir de le jeter sur les Iroquois où il espérait qu’éclatant comme une grenade, fesait un grand effet, mais y ayant mis le feu et l’ayant jeté, en branche