Page:Dolomieu - Mémoire sur les tremblemens de terre de la Calabre.djvu/38

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Il eſt arrivé quelque fois qu’un terrein, a qui ſa chute & l’inclination du talus, qui s’étoit formé ſous lui, avoient donné une grande force de projection, a rencontré & franchi de petites collines qui étoient ſur ſon paſſage, les a recouvert, & ne s’eſt arreté qu’au dela . Si ce même terrein, rencontrant la côte opoſée, frappoit violement contre, il ſe relevoit un peu & formoit une eſpece de berceau. Lorſque les bords opoſés d’une vallée ſe ſont écroulés en même tems, leurs débris ſe ſont rencontrés, leur choc les a ſoulevé & ils ont formé des monticules dans le centre de l’eſpace qu’ils ont comblé. L’effet le plus commun, celui dont on voit un très grand nombre d’exemples dans les territoires d’opido & de Sainte Cristine, ſur les bords des Vallées ou gorges profondes dans les quelles coulent les fleuves maïdi, birbo & tricucio, eſt celui qui ſ’obſerve, lorſque la baſe inférieure ayant manqué, les terreins ſupérieurs ſont tombés perpendiculairement & ſuceſſivement, par grandes tranches ou bandes paralelles, pout aller prendre une poſition reſpective, ſemblable aux marches d’un amphithéatre ; le plus bas gradin eſt quelquefois a trois ou quatre cent pieds au deſſous de ſa première poſition. Telle une vigne, entrautres, ſituée ſur le bord du fleuve tricucio, aupres du nouveau lac, s’eſt diviſée en quatre parties, qui ſe ſont miſes en teraſſes les unes au deſſus des autres, & dont la plus baſse eſt tombée de quatre cent pieds de hauteur.

Les arbres & les vignes qui étoient ſur les terreins, dont la maſſe entiere s’eſt déplacée, n’ont point ſouffert. Les hommes même, qui s’y ſont

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