Page:Domela Nieuwenhuis - Le Socialisme en danger.djvu/8

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grande poussée des prolétaires naissant à la conscience de leur état, à la résolution ferme de se faire libres, et se préparant à changer l’axe de la vie sociale par la conquête pour tous d’un bien-être qui est encore le privilège de quelques-uns. Ce mouvement profond, c’est là l’histoire véritable, et nos descendants seront heureux de connaître les péripéties de la lutte d’où naquit leur liberté !

Ils apprendront combien fut difficile dans notre siècle le progrès intellectuel et moral qui consiste à se « guérir des individus ». Certes, un homme peut rendre de grands services à ses contemporains par l’énergie de sa pensée, la puissance de son action, l’intensité de son dévouement mais, après avoir fait son œuvre, qu’il n’ait pas la prétention de devenir un dieu, et surtout que, malgré lui, on ne le considère pas comme tel ! Ce serait vouloir que le bien fait par l’individu se transformât en mal au nom de l’idole. Tout homme faiblit un jour après avoir lutté, et combien parmi nous cèdent à la fatigue, ou bien aux sollicitations de la vanité, aux embûches que tendent de perfides amis ! Et même le lutteur fût-il resté vaillant et pur jusqu’à la fin, on lui prêtera