Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/120

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Au Céramique, certain soir,
Tu passas devant moi, superbe ;
Je devins plus verte que l’herbe
Mais tu ne daignas pas me voir.

Ah ! la passion douloureuse !
J’espérais bien que le hasard
Ferait un jour que ton regard
Tombât sur la pauvre amoureuse…

J’espérais désespérément ;
Et puis tu blâmes l’adultère,
Aussi mon cœur a dû le taire
Ce fol amour, ô mon amant !

Que te dirai-je encore ? Songe
Que c’est Phryné qui vient t’offrir
Elle-même avant de mourir
Un amour qui n’est pas mensonge.

— C’est la première fois d’ailleurs —
À présent que la mort est proche,
À ta tunique je m’accroche :
Si je fus pire, sois meilleur !

Ce n’est plus cette ardeur cachée
En mon âme et dont s’offensait
Ma pudeur, Khanayos ; mais c’est
Vénus à sa proie attachée