Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/150

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Schopenhauer, il a lu Renan, il a lu Nietzsche, il a tout lu, il a trop lu, et après toutes ces lectures, il a ressenti le malaise décrit à la page 129, selon la forte expression de Maurice Barrès, et il s’est tracé une ligne de conduite qui peut se formuler ainsi :

« Il faut exacerber notre sens critique afin de nous inciter à ne produire point. »

Et il ne produit pas. Assis sur un roc solitaire, dans une attitude méditative et dolente, il a les yeux constamment fixés sur un étang dont la stagnante désolation lui renvoie toutes les images renversées et décolorées, en telle façon qu’il voit l’univers à l’envers.

C’est l’étang de midi à quatorze heures.

Voltaire le contemple avec tristesse à son tour et commisération, et, comme jadis Virgile au Dante, Terminus lui raconte l’histoire de ce lamentable personnage.

Il dit :


Il était laid et maigrelet.
Ayant sucé le maigre lait
D’une nourrice pessimiste,
Et c’était un nourrisson triste.

Au lycée il suivit des cours
Et fut aussi fort en discours
Lutin que subtil helléniste ;
Mais c’était un élève triste.