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Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/174

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— Non, lui dit son compagnon : c’est la fâcheuse Androgyne.

Et en efet c’est bien la fâcheuse Androgyne, avec son petit chapeau, son petit col, sa cravate anglaise, sa chemise d’homme, sa jaquette tailleur et sa robe fourreau forme parapluie. Elle arrive en fredonnant d’un air dégagé son refrain favori, un refrain du bon vieux temps que chantaient nos pères :

(Air de la Périchole)


Les femmes, les femmes, il n’y a qu’ ça
Tant que le monde existera,
Tant que la terre tournera,
Les femmes il n’y aura qu’ ça.

À présent la fâcheuse Androgyne joue la difficulté. Elle est lasse des maîtresses en chair et en os auxquelles elle ne trouvait sans doute pas assez de consistance, et nouvelle Pygmalionne, mais Pygmalionne pauvre, elle essaye d’animer les marbres.

Elle s’approche de Vénus et lui fait une troublante déclaration. Mais, au moment qu’elle se croit exaucée et que, selon les conseils de M. Legouvé le père, elle va tomber aux pieds de ce sexe auquel elle doit sa mère, c’est Hercule qui lui répond et qui lui dit :


Ô monstre malfaisant, retiens en ta mémoire,
Pour en tirer profit, cette petite histoire :
Je n’avais pas encor, je crois bien, dix-huit ans,
Et je n’étais qu’un jeune arbre dans son printemps.