Page:Donnay - Autour du Chat Noir, 1926.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faite dans le roman et la peinture. Jules Jouy admirait Émile Zola. C’était un ancien garçon boucher, borgne avec un front démesuré. Ayant connu des heures noires, il était devenu égoïste. Il me disait un jour : « Ce n’est encore rien que de pas manger ; mais ce qui est dur, l’hiver, c’est de ne pas avoir un endroit où coucher. Alors, ça, mon vieux, c’est horrible ! » Ces paroles qui évoquaient tant de misères, me rendaient Jules Jouy sympathique. Quand je l’ai connu, il gagnait bien sa vie, ses chansons étaient chantées partout, alors il faisait des dépenses folles ; à l’affût de toutes les petites inventions de la petite industrie parisienne, il achetait des objets chimériquement pratiques : un couteau à ouvrir les boîtes de sardines, la pince preneuse universelle, la canne de poche ! Acquisitions dont il ne se montrait pas peu fier. Un jour, il nous fit admirer un petit cylindre en fer-blanc, et il expliquait : « C’est pour éteindre le