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LETTRE À JEANNE



À l’automne prochain, quand vous serez guérie,
Pour cela vous savez que nuit et jour je prie,
S’il ne fait pas trop froid, si les temps sont cléments,
Nous irons tous deux vers quelque ville d’amants
Où soit un parc, vers des Marlys, ou des Versailles,
Pour renouveler là nos douces fiançailles.

Jeanne, avez-vous déjà bien senti les tristesses
Des grands parcs, des vieux parcs où, jadis, des Altesses,
Des princes, des seigneurs, dans un lointain passé
Tout plein de souvenirs effacés ont passé ?
Les tristesses des parcs où, le long des allées,
Des maîtresses de rois, jadis, s’en sont allées ;
Où l’on croirait entendre, à chaque pas, tout bas,
Comme un écho de voix qui ne parleraient pas ;
Où se dressent au loin des blancheurs de statues
Qui ressemblent à des espérances perdues.