Corrigez-en les tons aigres, pesans ou faux ;
En graces, comme lui, transformez vos défauts.
Prétendez-vous m’offrir le lever de l’aurore ?
Que votre foible voix par degré semble éclore,
Et soudain déployée en sons vifs et brillans,
Me retrace du jour les feux étincelans.
De l’amour qui gémit qu’elle exprime les peines,
Se joue avec ses traits, et roule avec ses chaînes.
Peignez-vous un ruisseau ? Que vos sons amoureux
Coulent avec ses flots, et murmurent comme eux.
Répandez sur vos tons une aimable mollesse :
D’un organe d’airain soumettre la rudesse
À chanter les plaisirs et les ris ingénus,
C’est donner à Vulcain l’écharpe de Vénus.
Tel acteur s’applaudit et se croit sûr de plaire,
Qui d’une voix tonnante aborde une bergere.
À peine dans son art il est initié,
Et c’est en mugissant qu’il me peint l’amitié.
Mettez dans votre chant d’insensibles nuances ;
Des airs lents ou pressés marquez les différences.
Ce passage est frappant et veut de la vigueur :
Là, que l’inflexion expire avec langueur,
Et que par le succès votre voix enhardie
Ajoute, s’il se peut, à notre mélodie.
Divine mélodie, ame de l’univers,
De tes attraits sacrés viens embellir mes vers.
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