Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/116

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Sur le bloc arrondi d’un célebre sculpteur
Quand l’amour agita son flambeau créateur,
Il en fit rejaillir une vive étincelle,
Et soudain vit éclorre une Vénus nouvelle,
Dont le premier regard peignit un sentiment,
Dont le premier soupir demandoit un amant.
L’heureux Pigmalion brûle pour son ouvrage :
Le marbre est animé ; l’amour veut davantage.
Les graces, qu’il appelle, accourent sur ses pas,
Et la nymphe naissante a volé dans leurs bras.
Leurs loix sont des plaisirs ; leurs leçons, des caresses.
L’écoliere bientôt égale ses maîtresses,
S’instruit dans l’art de plaire, et plaît en l’oubliant,
Met dans chaque attitude un jeu doux et liant,
De la simplicité se fait une parure,
Déploie avec pudeur les dons de la nature,
Laisse errer sur sa bouche un sourire charmant,
Et, grace à ses regards, se tait éloquemment.
Voilà votre modele, enfans de Terpsichore.
La nature vous sert, il faut l’aider encore.
Imaginez des tems et des grouppes nouveaux,
Entassez pas sur pas, et travaux sur travaux,
Sautez sur le gazon, sans y laisser vos traces ;
Vous ne possédez rien, si vous n’avez les graces.
Elles vous donneront le poli des ressorts,
D’un buste harmonieux les tranquilles accords,