Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/126

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D’un feston de jasmins sa tête est couronnée,
Et sa robe voltige, aux vents abandonnée.
Mille songes légers l’environnent toujours ;
Plus que le printems même, elle fait les beaux jours.
Des matelots joyeux rassemblés auprés d’elle,
Détonnent à sa gloire une ronde nouvelle,
Et de jeunes pasteurs, désertant les hameaux,
Viennent la saluer au son des chalumeaux.
C’est l’aimable gaîté : qui peut la méconnoître,
Au chagrin qui s’envole, au jeu qu’elle a fait naître ?
Fille de l’innocence, image du bonheur,
Le charme qui te suit a passé dans mon cœur.
Sur ce gazon fleuri, qu’elle a choisi pour trône,
Pasteurs, exécutons les danses qu’elle ordonne.
Que trop d’art n’aille point amortir notre feu :
La danse d’un berger n’est pas celle d’un dieu.
Vous qui me transportez dans ces fêtes rustiques,
Laissez votre routine et vos pas méthodiques.
La nature est si belle ! Ah ! Ne l’altérez pas :
Elle hait la contrainte, et meurt sous le compas.
Venez : transportons-nous dans ces belles contrées,
Des rayons d’un ciel pur en tout tems colorées.
Déjà l’air est plus frais : Phébus vers l’occident
Précipite sa course et son char moins ardent.
Les mobiles sillons de sa pourpre brillante
Font resplendir au loin la mer étincelante.