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Page:Dorat - Œuvres diverses, Neuchatel, 1775.djvu/61

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Du talent orgueilleux étouffe l’étincele.

Il est un lieu charmant, et toujours fréquenté[1]
Par ce folâtre essain qui poursuit la beauté.
Là, dans les jours brillans, l’habitude rassemble
Tous les états surpris de se trouver ensemble.
Un plumet étourdi, de lui-même content,
Se montre, disparoît, revient au même instant.
Infectant ses voisins de l’ambre qu’il exhale,
Le grave magistrat se rengorge et s’étale ;
Et l’heureux financier, dispensé des soupirs,
Va toujours marchandant et payant ses plaisirs.
De ces lieux enchanteurs redoutez le prestige ;
Bientôt votre talent y tiendra du prodige.
N’entends-je point déjà de nos illustres fous
L’essain tumultueux frémir autour de vous,
Bourdonner en chorus, elle est, ma foi, divine,
Et du théatre enfin vous nommer l’héroïne ?
Craignez ces vains transports qu’inspirent vos attraits.
La vérité conseille, et ne vante jamais.
Faites-vous, imitant nos célebres actrices,
Admirer sur la scene, et non dans les coulisses.
Exercez votre goût, don tardif et brillant ;
Il ajoute à l’esprit, et guide le talent.
Comme une tendre fleur, il languit sans culture,
S’augmente par l’étude, et vit par la lecture.

  1. Les foyers.